đŸ€” Proposition de loi contre la discrimination capillaire : un dĂ©bat tirĂ© par les cheveux đŸ’‡â€â™‚ïž

Aujourd’hui, je souhaite rĂ©agir Ă  un article publiĂ© sur le site FranceTVInfo.fr, intitulĂ© « La proposition de loi contre la discrimination capillaire bientĂŽt Ă  l’AssemblĂ©e ». Cette thĂ©matique peut susciter une palette de rĂ©actions, allant du sourire Ă  la colĂšre, tant le sujet peut sembler puĂ©ril. On peut raisonnablement estimer que nos dĂ©putĂ©s et sĂ©nateurs devraient se concentrer sur des sujets plus graves, surtout dans le contexte actuel. Les commentaires sous cet article expriment d’ailleurs fortement cette critique.

DĂ©posĂ©e Ă  la PrĂ©sidence de l’AssemblĂ©e nationale le 12 septembre 2023 par Olivier Serva, dĂ©putĂ© du groupe LibertĂ©s, IndĂ©pendants, Outre-mer et Territoires, cette proposition de loi vise Ă  reconnaĂźtre et Ă  sanctionner la discrimination capillaire. Actuellement sous les feux de l’actualitĂ©, elle doit ĂȘtre examinĂ©e prochainement par l’AssemblĂ©e nationale, le 28 mars prochain. Cette proposition s’attaque principalement Ă  la discrimination capillaire en milieu professionnel, mais son champ d’application semble plus vaste que cela.

En effet, en plus d’impacter le Code du travail et d’autres textes professionnels, elle modifie Ă©galement le Code pĂ©nal, suggĂ©rant une portĂ©e Ă©tendue, y compris dans des domaines comme le logement et l’Ă©ducation.

Cette proposition repose principalement sur des données et des études étrangÚres, soulevant des questions quant à son opportunité en France.

Le seul cas rĂ©el de discrimination citĂ© concerne un steward d’Air France, licenciĂ© pour avoir portĂ© des tresses nouĂ©es en chignon, une coiffure autorisĂ©e pour les femmes mais interdite pour les hommes selon les rĂšgles qu’avait instaurĂ©es Air France. Cette affaire a conduit Ă  une dĂ©cision de la cour de cassation reconnaissant une discrimination fondĂ©e sur le sexe et non une discrimination capillaire.

En l’absence de cas avĂ©rĂ©s de discrimination capillaire en France, la proposition de loi semble s’appuyer sur des gĂ©nĂ©ralitĂ©s. Les rĂ©fĂ©rences aux femmes afro-descendantes et aux coupes de cheveux spĂ©cifiques soulignent un certain angle racial dans le dĂ©bat. Le groupe socialiste et apparentĂ© estime d’ailleurs que la proposition devrait inclure explicitement la discrimination raciale, et non seulement physique, et un amendement allant en ce sens a Ă©tĂ© dĂ©posĂ©.

La discrimination capillaire semble en outre dĂ©jĂ  sanctionnĂ©e par la lĂ©gislation, les textes en la matiĂšre Ă©tant suffisamment larges. Le site FranceTVInfo.fr cite en ce sens Anne Vincent, avocate au cabinet Voltaire, selon laquelle il n’est pas nĂ©cessaire de lister toutes les particularitĂ©s physiques puisque notre lĂ©gislation interdit dĂ©jĂ  25 motifs de discriminations, dont un qui concerne spĂ©cifiquement l’apparence physique, et qui inclue, de fait, la nature des cheveux et la façon dont ils sont coiffĂ©s.

Cette proposition de loi peut sembler ainsi aussi inutile qu’inopportune. Un amendement dĂ©posĂ© par la dĂ©putĂ©e Emmanuelle MĂ©nard conclut d’ailleurs en ces termes.

Plus qu’une interrogation sur une discrimination capillaire, cette proposition de loi soulĂšve une question essentielle portant sur le bon usage des fonds publics, qui devraient ĂȘtre rĂ©servĂ©s Ă  la prĂ©paration et Ă  la rĂ©flexion portant exclusivement sur des lois nĂ©cessaires pour notre sociĂ©tĂ©.