Les juristes doivent combattre la loi de Parkinson pour gagner en efficacité

Contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord la loi de Parkinson n’est pas un texte qui a été publié au journal officiel de la république française. Cette loi n’a pas non plus de relation avec la tristement fameuse maladie de Parkinson.

La loi de Parkinson porte cette dénomination car elle correspond à une théorie élaborée par Cyril Northcote Parkinson. Ce chercheur britannique a réalisé des travaux portant sur l’étude de l’administration publique britannique. Ces travaux lui ont permis d’élaborer plusieurs lois qui ont fait l’objet de publications sous la forme de plus d’une soixantaine d’article, dont la plus connu a été publié dans la revue The Economist le 19 novembre 1955. Certains de ces articles ont été repris ultérieurement dans l’ouvrage Parkinson’s Law And Other Studies In Administration publié en 1957 par les éditions The Riverside Press. Une traduction en français de cet ouvrage a été faite par J. Villehouverte en 1958 et publiée dans un livre intitulé 1=2, ou les règles d’or de Mr. Parkinson.

Les travaux de Parkinson lui permettent de parvenir notamment aux conclusions suivantes :

– tout travail est extensible, il a tendance à se dilater pour occuper finalement la totalité du temps qui lui est imparti,

– un fonctionnaire entend multiplier ses subordonnés et non ses rivaux, ce qui entraîne une division du travail et une augmentation des effectifs, les effectifs sont en progression constante même en cas de baisse des attributions,

– lorsqu’un effectif atteint ou dépasse mille personnes le temps de travail peut se consacrer uniquement à la gestion de cet effectif, au détriment d’autres tâches,

– lorsqu’un budget est important le temps consacré à le discuter est peu élevé, alors qu’à l’inverse le temps consacré à un budget moins important est plus élevé,

– un cabinet ministériel est inefficace dès lors qu’il atteint entre 19,2 et 22,4 membres,

Parmi les théories ainsi résumées, celle qui nous intéresse plus particulièrement n’est autre que la première d’entre elles : tout travail est extensible, il va occuper la totalité du temps qui lui est imparti. C’est la loi des gaz appliquée au travail.

Valable pour le travail dans les administrations publiques britanniques cette loi est aussi valable dans d’autres domaines. Elle s’applique ainsi également en France dans le monde du travail et dans l’univers scolaire et universitaire. De même elle s’applique aux personnes qui exercent une profession juridique ou à celles qui suivent des études de droit.

En effet comme toute autre personne les juristes peuvent être touchés par la loi de Parkinson. Ainsi un travail qui pourrait prendre normalement 24 heures, risque de prendre la totalité du délai disponible si la date butoir est fixée non à 24 heures mais à une semaine. De même si la date butoir est fixée en mois, le travail risque de se dilater pour occuper la totalité de ce délai. Ceci est d’autant plus dramatique qu’il n’est pas certain que la qualité du travail fournie en profitant du délai le plus important sera meilleure qu’en respectant un délai plus court, elle pourrait même être moindre.

Il est donc important pour les juristes de s’astreindre à se fixer des dates butoirs très courtes. Ceci permet de se concentrer réellement sur le travail à accomplir en écartant les tâches secondaires. La productivité va s’en trouver améliorer.

La difficulté réside bien évidemment à trouver un juste équilibre entre la nécessité de respecter un délai court et le niveau de travail à fournir. Le travail ne doit bien évidemment pas devenir impossible à accomplir dans le délai fixé, ce qui pourrait entraîner surmenage, stress, renonciation. Il faut tenir compte d’une approche réaliste et raisonnable pour gagner en efficacité.

Il est possible d’aller encore plus loin pour gagner en efficacité. En effet la loi de Parkinson peut être utilisée conjointement avec la loi de Pareto. Cet effet cumulé permet de créer un cercle vertueux. La loi de Pareto permet de supprimer les tâches non essentielles pour se concentrer aux seules tâches importantes, tandis que la loi de Parkinson permet de limiter le temps de travail pour accomplir les tâches importantes plus rapidement.

Pour aller plus loin :

Consultation de la loi de Pareto ou règle des 80 / 20 appliquée aux juristes.