La fibre optique menacée pour protéger l’environnement

La comparaison de l’usage de la fibre optique et de l’adsl est cruelle pour la plus lente de ces deux technologies.

En effet la fibre optique est nettement plus performante. Elle permet d’accéder à des données rapidement ou de les envoyer avec célérité. Elle permet aussi de bénéficier de nouveaux services, ou de services de meilleure qualité, que ce soit pour un usage personnel ou professionnel.

La fibre optique permet un gros gain de temps. Elle permet de travailler mieux et plus efficacement. Elle permet aussi de stocker plus aisément de grande quantités de données dans les nuages au lieu de conserver celles-ci sur les serveurs d’une entreprise ou sur les espaces de stockage « résidents » d’un particulier.

Suite aux mesures attentatoires aux libertés publiques prises de façons réitérées par l’Etat sous couvert de l’épidémie relative au Covid 19 le télétravail a été, selon les cas, favorisé voire imposé (1). Cette situation a incité de nombreuses personnes à souscrire un abonnement relatif à la fibre optique (2).

Toutefois nous pouvons craindre qu’un paradoxe se développe prochainement avec la fibre optique, à l’instar de la situation que nous avons vu dans un article précédent concernant les véhicules automobiles pour lesquels l’État souhaite des achats importants aussi bien au niveau quantitatif qu’au niveau financier alors qu’en parallèle il fait des efforts démesurés pour en restreindre l’usage et pour en tirer un avantage financier lorsque des téméraires utilisent ceux-ci (3).

En effet si l’État encourage la souscription d’abonnement à la fibre optique il est à craindre qu’il adopte prochainement des mesures pour freiner, voire pour punir, l’usage de cette technologie.

L’État encourage la souscription d’abonnement à la fibre optique lorsqu’il favorise ou impose le télétravail car bien souvent une connexion adsl n’est pas suffisante pour télétravailler de façon confortable. L’État œuvre dans le même sens lorsqu’il est prévu que les offres d’abonnement adsl disparaissent et que le démantèlement du réseau des lignes en cuivre est programmé (4).

Mais sous des couverts de protection de l’environnement l’Etat risque de se complaire à empêcher les utilisateurs de la fibre optique d’utiliser pleinement cette technologique.

La volonté de limiter l’accès à Internet est déjà visible en ce qui concerne les données mobiles. En effet les différents opérateurs pour des raisons environnementales se sont engagés à réduire leur empreinte carbone. Ils souhaitent pour cela limiter les dépenses énergétiques d’où l’idée selon laquelle il peut être nécessaire de restreindre les données que chaque personne est susceptible de vouloir consulter. Ce bridage des données consultables sur Internet a été déjà effectué lors du premier confinement décidé par le Gouvernement lors de l’épidémie relative au Covid 19. En effet la qualité des données relatives aux vidéos a été limité volontairement par les opérateurs, et par des plateformes de vidéos, lors de cette période.

Les opérateurs travaillent actuellement sur un code de bonne conduite qui reviendrait justement à limiter la qualité des vidéos consultables sur un smartphone. Ils désirent profiter de la présidence française de l’union européenne qui doit débuter le 1er janvier 2022 pour avancer sur ce code de bonne conduite (5)

Si ces propos sont plus spécifiques aux données mobiles il ne faut pas se leurrer. Le même risque existe concernant la fibre optique. En effet la décision de limiter l’empreinte carbone ne peut que plaider en faveur de limiter également la consultation des données accessibles avec la fibre optique. Ainsi les mesures contre la fibre optique ne sont que l’étape suivante des mesures déjà prises et de celles envisagées contre l’accés avec un appareil mobile.

Dans un sens proche on peut d’ailleurs remarquer l’existence de la récente loi n° 2021-1485 du 15 novembre 2021 qui vise à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France (6).

Cette loi prévoit notamment de faire émerger et de développer des usages du numérique écologiquement vertueux en matière de régulation environnementale des communications électroniques. Elle prévoit aussi que le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel doit publier une recommandation qui doit être relative à l’information des consommateurs par les services de télévision les services de médias audiovisuels les plateformes de partage de vidéos sur l’empreinte carbone entraîné par la consommation de leurs services.

Si sur ce dernier point il y a là une obligation d’information on ne peut pas exclure qu’ultérieurement cette information soit remplacée par une restriction des usages de ces services. En effet la prise en considération de l’environnement est volontiers punitive.

On peut aussi craindre le développement d’un nouvel impôt destiné là aussi à punir les personnes qui ont un abonnement à la fibre optique. Elles qui seraient alors vues comme étant des « méchants » consommateurs de grandes quantités de données. Ces personnes seraient ainsi « coupables » de favoriser une empreinte carbone d’un niveau arbitrairement jugé inacceptable.

Note de bas de page :

(1) Catherine Gasté, « Covid-19 : les entreprises appelées à faciliter le télétravail même si le protocole sanitaire ne change pas », 29 novembre 2021, Le Parisien.

(2) Arnaud Tousch, « Confinement : les demandes de raccordement à la fibre optique explosent », 19 novembre 2020, RTL.

(3) Sur ce point vous pouvez consulter notre article : « Les choix apparemment contradictoires de l’État en matière automobile lui assurent une rente financière », 14 août 2020.

(4) Vincent Fagot, « La fin du réseau cuivre met Orange sous pression », 8 avril 2021, Le Monde.

(5) Raphaël Balenieri et Sébastien Dumoulin, « Les telcos français remettent la pression sur les géants du streaming », 6 décembre 2021, Les Echos.

(6) Loi n° 2021-1485 du 15 novembre 2021 visant à réduire l’empreinte environnementale du numérique en France.