📚 Lorsque la promotion conduit Ă  l’incompĂ©tence 🔍

La saga relative Ă  la lecture d’ouvrages initiĂ©e par d’autres articles se poursuit prĂ©sentement avec des propos concernant le livre intitulĂ© « Le principe de Peter » dont les co-auteurs sont Laurence J. Peter et Raymond Hull.

Selon ces auteurs, plus prĂ©cisĂ©ment selon Laurence J. Peter, il est possible d’observer l’existence d’un principe d’aprĂšs lequel dans une hiĂ©rarchie, chaque employĂ© a tendance Ă  ĂȘtre promu Ă  son niveau d’incompĂ©tence. En d’autres termes, les individus sont promus en fonction de leurs performances dans leur poste actuel, et non pas en fonction de leurs compĂ©tences pour le poste qu’ils vont occuper.

Ainsi, un employĂ© compĂ©tent dans un poste peut ĂȘtre promu Ă  un poste de direction, oĂč il n’est pas aussi compĂ©tent, et cela peut se rĂ©pĂ©ter Ă  chaque promotion jusqu’Ă  ce qu’il atteigne son plus haut niveau d’incompĂ©tence, autrement dit un poste oĂč il n’est plus du tout capable de faire son travail efficacement. À ce stade, l’employĂ© reste Ă  ce niveau, car il n’est pas promu au-delĂ  de son niveau d’incompĂ©tence.

Ainsi défini, le « principe de Peter » met en lumiÚre les limites des systÚmes hiérarchiques et souligne les défis auxquels sont confrontées les organisations dans le domaine de la promotion et de la gestion des employés.

DotĂ© d’une bonne dose d’humour ce livre est agrĂ©able Ă  lire, mĂȘme si quelques passages tirent un peu en longueur. J’ai apprĂ©ciĂ© le fait qu’il ne se limite pas au monde de l’entreprise ou au secteur public et aborde Ă©galement, en fin d’ouvrage, celui de l’enseignement et de l’informatique.

Il est toutefois possible de regretter la propension de l’ouvrage Ă  contenir des termes non habituels puisqu’ils ont Ă©tĂ© inventĂ© dans le cadre de l’étude de ce principe, ce qui les rend difficilement mĂ©morisables et peu expressifs, d’oĂč le bien-fondĂ© du glossaire prĂ©sent dans ce livre.

Le principe de Peter peut toutefois avoir un caractĂšre trop restrictif concernant l’analyse des personnes qui restent figĂ©es au mĂȘme poste dans le cas oĂč il n’existe simplement pas d’autres postes accessibles, en raison de la taille de l’entreprise ou du service, ou bien car la hiĂ©rarchie prĂ©fĂšre ne pas les promouvoir, pour profiter de leurs compĂ©tences au poste actuel, bien souvent sans augmentation. De mĂ©moire, ces cas ne me semblent pas ĂȘtre abordĂ©s dans l’ouvrage et sont diffĂ©rents d’une situation traitĂ©e dans celui-ci et qui correspond Ă  la volontĂ© pour une personne de ne pas Ă©voluer pour pouvoir exploiter ses compĂ©tences dans son poste actuel.

Ceci Ă©tant, il est exact que l’on croise souvent des personnes dont le niveau d’incompĂ©tence est particuliĂšrement Ă©levĂ©, une vĂ©ritable concentration de ceux-ci se trouvant au niveau des managers, ce qui obĂ©it Ă  une certaine logique puisque pour Ă©voluer professionnellement, il faut gĂ©nĂ©ralement devenir manager.

Or les compĂ©tences techniques pour une fonction particuliĂšre ne sont pas les mĂȘmes pour exercer une fonction de manager. Un bon exercice d’une nouvelle fonction impose de disposer de nouvelles compĂ©tences, qui peuvent malheureusement ĂȘtre absentes sans espoir d’apparaĂźtre d’elles-mĂȘmes Ă  dĂ©faut de travail pour les acquĂ©rir. Ainsi certains managers se reposent sur leur statut, n’ayant visiblement pas conscience qu’ils doivent Ă©galement avoir une stature appropriĂ©e pour exercer convenablement cette fonction. S’ils sont en cela nĂ©gligeants, l’entreprise elle-mĂȘme peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme ayant Ă©tĂ© dĂ©faillante en n’ayant pas accompagnĂ© la promotion de ce manager par des actions lui permettant de s’adapter Ă  son nouveau poste et d’acquĂ©rir de nouvelles connaissances.