La saga relative Ă la lecture dâouvrages initiĂ©e par dâautres articles se poursuit prĂ©sentement avec des propos concernant le livre intitulĂ© « Le principe de Peter » dont les co-auteurs sont Laurence J. Peter et Raymond Hull.
Selon ces auteurs, plus prĂ©cisĂ©ment selon Laurence J. Peter, il est possible dâobserver lâexistence dâun principe dâaprĂšs lequel dans une hiĂ©rarchie, chaque employĂ© a tendance Ă ĂȘtre promu Ă son niveau d’incompĂ©tence. En d’autres termes, les individus sont promus en fonction de leurs performances dans leur poste actuel, et non pas en fonction de leurs compĂ©tences pour le poste qu’ils vont occuper.
Ainsi, un employĂ© compĂ©tent dans un poste peut ĂȘtre promu Ă un poste de direction, oĂč il n’est pas aussi compĂ©tent, et cela peut se rĂ©pĂ©ter Ă chaque promotion jusqu’Ă ce qu’il atteigne son plus haut niveau dâincompĂ©tence, autrement dit un poste oĂč il n’est plus du tout capable de faire son travail efficacement. Ă ce stade, l’employĂ© reste Ă ce niveau, car il n’est pas promu au-delĂ de son niveau d’incompĂ©tence.
Ainsi défini, le « principe de Peter » met en lumiÚre les limites des systÚmes hiérarchiques et souligne les défis auxquels sont confrontées les organisations dans le domaine de la promotion et de la gestion des employés.
DotĂ© dâune bonne dose dâhumour ce livre est agrĂ©able Ă lire, mĂȘme si quelques passages tirent un peu en longueur. Jâai apprĂ©ciĂ© le fait quâil ne se limite pas au monde de lâentreprise ou au secteur public et aborde Ă©galement, en fin dâouvrage, celui de lâenseignement et de lâinformatique.
Il est toutefois possible de regretter la propension de lâouvrage Ă contenir des termes non habituels puisqu’ils ont Ă©tĂ© inventĂ© dans le cadre de lâĂ©tude de ce principe, ce qui les rend difficilement mĂ©morisables et peu expressifs, dâoĂč le bien-fondĂ© du glossaire prĂ©sent dans ce livre.
Le principe de Peter peut toutefois avoir un caractĂšre trop restrictif concernant lâanalyse des personnes qui restent figĂ©es au mĂȘme poste dans le cas oĂč il nâexiste simplement pas dâautres postes accessibles, en raison de la taille de lâentreprise ou du service, ou bien car la hiĂ©rarchie prĂ©fĂšre ne pas les promouvoir, pour profiter de leurs compĂ©tences au poste actuel, bien souvent sans augmentation. De mĂ©moire, ces cas ne me semblent pas ĂȘtre abordĂ©s dans lâouvrage et sont diffĂ©rents dâune situation traitĂ©e dans celui-ci et qui correspond Ă la volontĂ© pour une personne de ne pas Ă©voluer pour pouvoir exploiter ses compĂ©tences dans son poste actuel.
Ceci Ă©tant, il est exact que lâon croise souvent des personnes dont le niveau dâincompĂ©tence est particuliĂšrement Ă©levĂ©, une vĂ©ritable concentration de ceux-ci se trouvant au niveau des managers, ce qui obĂ©it Ă une certaine logique puisque pour Ă©voluer professionnellement, il faut gĂ©nĂ©ralement devenir manager.
Or les compĂ©tences techniques pour une fonction particuliĂšre ne sont pas les mĂȘmes pour exercer une fonction de manager. Un bon exercice dâune nouvelle fonction impose de disposer de nouvelles compĂ©tences, qui peuvent malheureusement ĂȘtre absentes sans espoir dâapparaĂźtre dâelles-mĂȘmes Ă dĂ©faut de travail pour les acquĂ©rir. Ainsi certains managers se reposent sur leur statut, nâayant visiblement pas conscience quâils doivent Ă©galement avoir une stature appropriĂ©e pour exercer convenablement cette fonction. Sâils sont en cela nĂ©gligeants, lâentreprise elle-mĂȘme peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme ayant Ă©tĂ© dĂ©faillante en nâayant pas accompagnĂ© la promotion de ce manager par des actions lui permettant de sâadapter Ă son nouveau poste et dâacquĂ©rir de nouvelles connaissances.