đŸ‡ș🇾 Quand les soldats amĂ©ricains abusaient des femmes françaises đŸ‡«đŸ‡·

J’ai souhaitĂ© aujourd’hui rĂ©agir Ă  un article publiĂ© par le site 20minutes.fr portant sur les abus commis par des soldats amĂ©ricains sur les femmes françaises aprĂšs le dĂ©barquement de Normandie en 1944. Cet article dont les donnĂ©es sont basĂ©es sur celles de l’Agence France-Presse se retrouve avec de lĂ©gĂšres variantes sur d’autres sites, par exemple celui de laprovence.fr.

« L’histoire est Ă©crite par les vainqueurs », affirmait en son temps Robert Brasillach dans Les FrĂšres ennemis, formulation que l’on pourrait prĂ©ciser en ajoutant les mots « avec l’aide de leurs alliĂ©s ». Les faits relatifs Ă  la seconde guerre mondiale n’échappent pas Ă  cette falsification ou altĂ©ration de l’histoire, avec notamment la mise sous silence du rĂŽle essentiel de l’Union SoviĂ©tique dans la dĂ©faite de l’armĂ©e allemande, la part du lion Ă©tant mĂ©diatiquement rĂ©servĂ©e aux Etats Unis d’AmĂ©rique.

Par rapport Ă  cette pĂ©riode de notre histoire une autre chape de plomb existe concernant les abus commis par des soldats amĂ©ricains sur les femmes françaises aprĂšs le dĂ©barquement de Normandie en 1944. Ces faits sont assez mal documentĂ©s, mĂȘme si les personnes qui se posent des questions sur cette pĂ©riode peuvent obtenir des donnĂ©es parcellaires sur ce sujet.

L’article prĂ©citĂ© de 20minutes.fr permet de mettre sous les feux de l’actualitĂ© ces abus et de les rĂ©vĂ©ler au grand public. Ainsi cet article permet de prendre connaissance du tĂ©moignage d’AimĂ©e, aujourd’hui ĂągĂ©e de 99 ans, dont la mĂšre a Ă©tĂ© abusĂ©e par des soldats amĂ©ricains le soir du 10 aoĂ»t 1944. Ceux ci initialement souhaitaient abuser d’AimĂ©e, qui Ă©tait vraisemblablement mineure Ă  l’époque puisque l’age de la majoritĂ© n’était pas le mĂȘme qu’actuellement, et la mĂšre d’AimĂ©e s’est sacrifiĂ©e Ă  la place de sa fille. Ce tĂ©moignage est particuliĂšrement poignant puisqu’il est possible de visionner une vidĂ©o dans laquelle AimĂ©e s’exprime.

Cet article rĂ©vĂšle Ă©galement le cas de la grande sƓur d’une autre personne dĂ©nommĂ©e Jeanne, cette derniĂšre est aujourd’hui ĂągĂ©e de 95 ans, qui a elle aussi Ă©tĂ© victime de faits similaires. Son pĂšre,qui tentait de s’interposer, a Ă©tĂ© abattu. Je prĂ©cise que le pĂšre d’AimĂ©e avait tentĂ© lui aussi de s’interposer et que des balles avaient trouĂ© son bĂ©ret, mettant fin Ă  sa tentative.

Dans ces deux cas les victimes n’ont pas rĂ©vĂ©lĂ© ces abus. Si 29 soldats ont Ă©tĂ© condamnĂ©s Ă  mort par pendaison pour des faits similaires il est probable que de nombreuses autres femmes victimes ont Ă©galement gardĂ© le silence. Selon Mary Louise Roberts, historienne citĂ©e par cet article, des centaines voire des milliers d’autres abus similaires n’ont pas Ă©tĂ© signalĂ©es entre 1944 et le dĂ©part des soldats amĂ©ricains en avril 1946.

La responsabilitĂ© des USA ne doit pas ĂȘtre nĂ©gligĂ©e, dĂ©jĂ  par le fait que ces soldats appartiennent Ă  son armĂ©e mais Ă©galement pour la publication par ses soins d’un journal prĂ©sentant les femmes françaises comme des femmes faciles.

Ainsi dans cet article Mary Louise Roberts indique que le journal Stars and Stripes, publiĂ© par les forces armĂ©es amĂ©ricaines et lu par les milliers de soldats dĂ©ployĂ©s en Europe, regorgeait de photos de Françaises embrassant les libĂ©rateurs. « Les Françaises sont folles des Yankees, [
] voilĂ  ce pour quoi nous nous battons », titrait le journal le 9 septembre 1944. Ainsi les USA se sont servi du corps des femmes pour inciter des soldats Ă  venir combattre sur nos terres. Cette prĂ©sentation des femmes pouvait Ă©galement inciter Ă  commettre des abus sur celles-ci.

Les États Unis d’AmĂ©rique sont prĂ©sentĂ©s sous un angle trĂšs favorable en France, alors que la rĂ©alitĂ© est bien plus complexe, aussi bien avant la seconde guerre mondiale, que pendant et aprĂšs celle-ci. Ainsi la lecture du livre « Nous Ă©tions seuls » de GĂ©rard Araud permet d’apprendre qu’entre les deux guerres mondiales les USA, il en va de mĂȘme d’ailleurs de l’Angleterre, ont soutenu l’Allemagne au dĂ©triment de la France, participant ainsi Ă  l’arrivĂ©e du dĂ©sastre que l’on a connu par la suite. De mĂȘme les USA bien loin de simplement vouloir libĂ©rer la France Ă©taient en rĂ©alitĂ© venu pour l’occuper, ils avaient ainsi formĂ© du personnel Ă  cet effet et prĂ©parĂ© une monnaie destinĂ©e Ă  remplacer le franc, seuls les efforts du GĂ©nĂ©ral de Gaulle nous ont permis d’échapper au protectorat souhaitĂ© par les amĂ©ricains. Egalement pendant la guerre des villes françaises ont Ă©tĂ© bombardĂ©es sans motif stratĂ©gique mais pour des motifs d’entraĂźnement.

Si l’article de 20minutes.fr concerne principalement le comportement des troupes amĂ©ricaines qui ont procĂ©dĂ© au dĂ©barquement en Normandie, il faut prĂ©ciser que des exactions similaires ont Ă©tĂ© commises par les troupes, qui n’étaient pas forcĂ©ment amĂ©ricaines dans ce cas-lĂ  puisqu’ils y avaient notamment des soldats venant d’Afrique, qui ont dĂ©barquĂ© en Provence, de mĂȘme pour celles qui ont dĂ©barquĂ© en Italie, oĂč des abus de ce type ont Ă©tĂ© commis sur les femmes, les hommes, les enfants, ainsi que sur des prĂȘtres.

S’il serait dĂ©raisonnable de jeter l’opprobre sur la totalitĂ© des soldats qui ont participĂ© Ă  ces diffĂ©rents dĂ©barquements, il serait inacceptable de fermer les yeux sur les victimes qui ont Ă©tĂ© abusĂ©es ou tuĂ©s par certains de ces soldats. La rĂ©alitĂ© historique est malheureusement plus nuancĂ©e que la version gĂ©nĂ©ralement prĂ©sentĂ©e.

Si vous avez des commentaires, des questions ou si vous souhaitez partager vos rĂ©flexions, n’hĂ©sitez pas Ă  le faire sur YouTube dans la section commentaires de la vidĂ©o relative Ă  cet article.