😜 L’intelligence artificielle dans le domaine 📚 artistique 🎧

Le dĂ©veloppement de l’intelligence artificielle entraĂźne d’Ăąpres discussions s discussions Ă  son Ă©gard. Elle constitue une avancĂ©e technologique indĂ©niable, pour le meilleur selon ses admirateurs, pour le pire selon ses dĂ©tracteurs. Les propos portent sur les domaines les plus divers dans lesquels l’intelligence artificielle peut s’appliquer. Je souhaiterais prĂ©sentement approfondir la discussion sur le domaine artistique, plus prĂ©cisĂ©ment la crĂ©ation Ă©crite et musicale, oĂč les reproches consistent en substance Ă  dire que la crĂ©ation par l’intelligence artificielle ne serait pas celle d’un auteur vĂ©ritable. Il y aurait ainsi une tromperie du consommateur, celui-ci serait abusĂ©. Il penserait que la crĂ©ation viendrait de la personne qui se prĂ©tend ĂȘtre l’auteur de l’oeuvre alors qu’il n’en est rien, cette crĂ©ation ayant Ă©tĂ© faite par l’intelligence artificielle.

Dans le domaine littĂ©raire la crĂ©ation d’un livre par une personne autre que son prĂ©tendu auteur officiel n’est pas une nouveautĂ©. Le phĂ©nomĂšne des ghosts writer est une rĂ©alitĂ© depuis de nombreuses dĂ©cades. Dans ce cadre celui sous le nom duquel le livre est publiĂ© n’est pas son auteur vĂ©ritable. L’existence et l’identitĂ© de ce dernier resteront le plus souvent dissimulĂ©es. Si cette situation est connue lorsqu’on l’envisage en prenant en considĂ©ration l’ensemble de la production littĂ©raire, elle est par contre passĂ©e sous silence au niveau individuel, chacun se gardant bien de faire Ă©tat de ces faits.

Sont Ă  ce niveau notamment concernĂ©s les personnalitĂ©s politiques. Si certains rĂ©digent bien les ouvrages publiĂ©s sous leur nom, et une partie avec un talent Ă©vident tel en son temps le GĂ©nĂ©ral de Gaulle dans, notamment, ses mĂ©moires de guerre, d’autres ne sont pas les vĂ©ritables auteurs de ces livres, ayant recours aux services d’un ghost writer.

Mais cela ne concerne bien Ă©videmment pas que les personnalitĂ©s politiques puisque d’autres types d’auteurs utilisent cette technique, quelquefois avec des variantes qui peuvent prendre une allure industrielle. James Patterson est l’écrivain le plus riche au monde. Son domaine de prĂ©dilection concerne les thriller, mĂȘme s’il a fait des incursions dans d’autres genres. Selon lefigaro.fr en 2012 le magazine Forbes a affirmĂ© qu’il Ă©tait l’écrivain le plus riche au monde avec un revenu annuel pour 2011 s’élevant Ă  94 millions de dollars et des ventes, cumulĂ©es vraisemblablement, s’élevant Ă  200 millions d’exemplaires de part le monde. En 2016 ses livres lui rapportaient 269 millions de dollars, prĂ©cise lefigaro.fr dans un autre article. Selon un article de The Telegraph publiĂ© en 2014, de l’annĂ©e 2001 Ă  l’an 2014 James Patterson a de façon continue Ă©tĂ© l’auteur le plus vendu au monde. En juillet 2010 il devient le premier auteur a avoir dĂ©passĂ© le million de ventes de livres numĂ©rique, record battu par lui-mĂȘme dĂšs le mois d’octobre 2010 puisqu’il parvient alors Ă  dĂ©passer le nombre de deux millions de vente sur ce support. En juin 2011 il pulvĂ©rise de nouveau ce record, atteignant trois millions d’exemplaires de livres numĂ©riques vendus. Les chiffres Ă  ce jour doivent ĂȘtre nettement supĂ©rieurs. La masse de ses fans est sans doute encore plus importante que ces chiffres puisqu’aux lecteurs qui achĂštent des livres neufs il faut ajouter ceux qui font l’acquisition de livres d’occasions ou qui sont abonnĂ©s Ă  des bibliothĂšques.

Mais James Patterson n’écrit pas ses livres, ou, pour ĂȘtre plus exact, il n’écrit plus ces livres car une Ă©volution s’est produite au fil du temps. En effet selon lefigaro.fr James Patterson s’est progressivement entourĂ© d’un personnel composĂ© d’une vingtaine de personnes. Cette Ă©quipe rĂ©dige quantitĂ© d’ouvrages pour lui, son travail personnel portant essentiellement sur la fourniture d’un synopsis.

Je tire trois enseignements de la mĂ©thode de travail de James Patterson. Le premier enseignement rĂ©side dans le fait que James Patterson applique ainsi une des leçons que NapolĂ©on Hill expose dans son livre intitulĂ© « RĂ©flĂ©chissez et devenez riche ». Il a constituĂ© un cerveau collectif qui comprend le sien et celui des personnes qui travaillent pour lui pour la rĂ©daction des ouvrages. C’est ce cerveau collectif qui lui permet d’atteindre son objectif visant Ă  publier une quantitĂ© industrielle d’ouvrages pour atteindre la richesse.

Le second enseignement rĂ©side dans la comparaison de la situation et de la mĂ©thode de travail de James Patterson avec l’apport de l’intelligence artificielle dans le domaine de l’écriture. Il y a une grande similitude. James Patterson publie des ouvrages qui ne sont pas de lui, sans que cela ne semble Ă©mouvoir grand monde, pire avec l’adhĂ©sion du plus grand nombre, et l’intelligence artificielle permet de parvenir au mĂȘme rĂ©sultat d’une façon similaire. Je ne vois lĂ  aucune distinction entre ces deux situations et je ne comprends pas pourquoi ce qui serait noble et estimable dans le premier cas deviendrait immonde dans le second, les seules considĂ©rations pouvant alors ĂȘtre purement idĂ©ologiques voire une volontĂ© de dĂ©fendre sa boutique, puisque bon nombres d’auteurs sont confrontĂ©s Ă  une crainte de perdre des parts de marchĂ©.

Le troisiĂšme enseignement rĂ©side dans le fait qu’avec l’intelligence artificielle nous pouvons tous disposer d’un cerveau collectif conformĂ©ment aux leçons de NapolĂ©on Hill. Nous pouvons amĂ©liorer nos compĂ©tences dans les domaines les plus divers. Cela peut passer par une application brutale de l’intelligence artificielle, en lui demandant s’impliquant d’exĂ©cuter une tĂąche bien prĂ©cise, mais on peut aussi faire Ɠuvre d’une application plus fine, en raisonnant avec l’intelligence artificielle, en discutant avec elle, en faisant Ă©voluer notre rĂ©flexion et nos analyses, Ă  l’instar de ce que l’on pourrait faire avec un groupe de personnes.

Dans le domaine musical le dĂ©veloppement de l’intelligence artificielle est Ă©galement critiquĂ©. Pourtant dans ce domaine aussi la rĂ©alitĂ© est travestie de longue date, dans des proportions bien pires qu’au niveau littĂ©raire. Les musiciens connus qui chantent ou jouent des titres qui ne sont pas d’eux est incalculable tant ils sont lĂ©gions. Cela peut transparaĂźtre lorsque les Ɠuvres musicales sont sur un support physique avec un livret dĂ©taillant le nom des auteurs rĂ©els mais le plus souvent le public n’est pas au courant de cette situation.

Sans ignorer les nombreux cas de plagiats ni le fait que l’industrie musicale tourne dans son immense majoritĂ© autour des fameux quatre accords magiques, bien qu’en rĂ©alitĂ© si on veut ĂȘtre prĂ©cis il faudrait plutĂŽt parler d’une progression magique permettant d’obtenir quatre accords qui sonnent agrĂ©ablement aux oreilles des individus, je souhaite aborder le cas des personnes qui sous traitent la crĂ©ation musicale Ă  des musiciens.

David Guetta est le cas typique. TrĂšs connu au point d’avoir Ă©tĂ© considĂ©rĂ© comme le DJ numĂ©ro un au monde celui-ci, Ă  l’instar de James Patterson dans le domaine littĂ©raire, s’inscrit dans un phĂ©nomĂšne d’industrialisation et de vente sous son nom d’oeuvre dont il n’est frĂ©quemment pas l’auteur rĂ©el, celles ci Ă©tant le fruit de travail d’autres DJ, en particulier de celui de Joachim Garraud. Plus qu’un musicien David Guetta est un producteur et une marque.

Certains styles musicaux semblent d’ailleurs plus enclin que d’autres Ă  l’emprunt de travail d’autres personnes. Ainsi outre les DJ qui sont en premiĂšre ligne dans ce domaine l’usage de sample permet au rap d’arriver au mĂȘme rĂ©sultat. Le succĂšs du titre «  Je danse le mia » du groupe Iam repose en grande partie sur le sample du titre Give Me the Night du guitariste et chanteur amĂ©ricain George Benson, une situation comparable se reproduit avec une multitude de groupe relevant de ce style musical.

Dans ces divers exemples le processus crĂ©atif est pour l’essentiel le fruit d’une personne restant dans l’ombre. La personne connue n’est pas l’auteur de la part essentielle de l’oeuvre. Il n’y a donc pas dans ce domaine Ă  pousser les cris d’orfraie que l’on peut entendre contre l’intelligence artificielle, Ă  moins d’aller jusqu’au bout du raisonnement, qui reviendrait alors Ă  supprimer les styles musicaux prĂ©citĂ©s.