Mourir debout

« Plutôt mourir debout que de vivre à genoux », ces mots sont ceux d’Albert Camus dans son essai L’Homme révolté publié en 1951.

Toutefois, cette expression est également prêtée à d’autres personnes. Ainsi, le révolutionnaire mexicain Emiliano Zapata serait la première personne connue à l’avoir utilisée, ou du moins une formule très proche. En effet, en 1910, alors qu’il s’engageait dans une lutte pour la restitution des terres agricoles aux paysans, il aurait déclaré « Mieux vaut mourir debout que vivre toute une vie à genoux ». Cette expression est également attribuée à d’autres personnalités par la suite, et elle se retrouve aussi dans l’univers cinématographique et musical.

Accepter le risque de mourir, alors que d’autres préfèrent perdre leur honneur, exprime un acte de résistance et annonce bien souvent un sacrifice. C’est un comportement héroïque dont l’issue risque d’être fatale. L’insubordination, dans cette situation, peut répondre à un sentiment d’injustice, d’atteinte à l’égalité et à l’honneur. Celui qui accepte de mourir préfère renoncer à la vie que de renoncer à ce qu’il est.

Cette expression peut bien évidemment correspondre à une véritable mort, c’était bien évidemment le cas au temps d’Emiliano Zapata. À notre époque, sauf situation dramatique, elle correspond plus à des circonstances qui peuvent entraîner un autre type de mort. Il s’agit alors d’une mort sociale ou professionnelle, les deux pouvant d’ailleurs être étroitement liées.

Ainsi, dans le monde actuel, ceux qui ne font pas allégeance à la gauche sont susceptibles de connaître une mort sociale et professionnelle. Il est pour cette raison préférable, si l’on désire avoir un avenir professionnel, voire un présent professionnel, de ne pas divulguer son orientation politique si celle-ci est classée à droite.

De même, dans le monde de l’entreprise, le fait de ne pas accepter des décisions anormales expose non seulement à un risque de ne pas progresser dans l’entreprise en cause, mais également d’en être exclu par une mesure de licenciement.

Dans chacun de ces cas, l’issue peut être dramatique et, à terme, la mort sociale et professionnelle peut, au pire, conduire à la mort tout court.

Je le sais. Je suis celui qui a dit non.