L’écriture inclusive : les bons sentiments

(Cet article constitue la première partie d’un article dont le titre entier s’intitule : « L’écriture inclusive : sous les bons sentiments se cache l’exclusion et la décadence« . En raison de la taille importante de l’article initial nous avons décidé de procéder à une publication en deux parties.)

Depuis plusieurs années l’écriture inclusive est fréquemment évoquée dans les médias. Elle a ensuite débordé de ce champ initial pour se propager dans l’enseignement et dans des collectivités territoriales jusqu’à devenir un enjeu politique.

Nous avons souhaité procéder à une présentation de l’écriture inclusive avant de traiter de son développement et des freins qui lui sont opposés. Ces indications nous conduiront à l’analyse de l’écriture inclusive.

Présentation de l’écriture inclusive

L’écriture inclusive repose sur une volonté de modifier la langue française. En effet d’après les tenants de l’écriture inclusive la langue française telle qu’elle est pratiquée établie une suprématie entre l’homme et la femme, en particulier avec la règle selon laquelle le masculin l’emporte sur le féminin. D’où une volonté de purifier la langue française en la modifiant afin d’instaurer une égalité entre les hommes et les femmes.

Ce changement des règles de la langue française passerait par exemple par l’obligation de faire l’accord avec le sujet le plus proche, ou bien de faire un accord par rapport à une règle dite de la majorité, ou bien encore de faire un accord en fonction du choix personnel de chaque personne, ce qui de façon plus abrupte revient à dire que chaque personne pourrait faire un peu ce qu’elle veut en fonction de son humeur du moment ou du sens du vent.

Les modifications souhaitées passent aussi par un large usage de termes neutres et par la création de mots nouveaux. Ainsi « ils » et « elles » seraient remplacés par le mot « iels ». « Tous » et « toutes » seraient remplacés par le mot « toustes ». « Ceux » et « Celles » seraient remplacés par le mot « celleux ». Soit autant de propositions qui permettraient d’avoir une langue « de toute beauté » comme chacun peut le constater.

Les personnes qui font la promotion de l’écriture inclusive souhaitent aussi l’utilisation cumulative du féminin et du masculin dans un même mot. Dans ce cas dans un seul mot il y aurait des points qui sépareraient certaines lettres pour bien marquer la présence du masculin et du féminin. Ce point est désigné comme étant un point médian.

Ceci donnerait des mots « aussi agréables à lire » que les mots suivants : lecteur·rice·s, barbarisme qui cumulerait les mots lecteurs et lectrices, ou cher.e.s, autre barbarisme qui cumulerait lui les mots « chers » et « chères », ou encore élu.e.s, encore un barbarisme qui lui cumulerait les mots « élus » et « élues ».

Le développement de l’écriture inclusive

Que s’est il passé suite à ces propositions ? On a vu tout un mouvement de pensée qui a pris fait et cause pour le développement de l’écriture inclusive.

Ainsi il a été possible de constater que des médias qui ont une certaine notoriété, que ce soit dans la presse écrite ou sur internet, ont déclaré qu’ils allaient appliquer certaines règles de l’écriture inclusive.

Il a également été possible de s’apercevoir que des enseignants ont affirmé, au mépris de leur mission la plus élémentaire, qu’ils avaient décidé d’enseigner l’écriture inclusive (1).

Il a aussi été possible d’observer des collectivités territoriales déclarer qu’elles allaient appliquer l’écriture inclusive. Le meilleur exemple n’est autre que la mairie de Lyon qui a fait cette déclaration en juillet 2020 (2).

Il a de même été possible de voir que le ministère chargé de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances, s’est inscrit nettement dans le sens de la promotion, depuis 2016 et encore à ce jour, de l’écriture inclusive (3).

Lire la seconde partie de l’article.

Note de bas de page :

(1) En ce sens, voyez l’article de Slate du 07 novembre 2017 : « Nous n’enseignerons plus que le masculin l’emporte sur le féminin ».

(2) En ce sens, voyez l’article de Anne-Sophie Chazaud sur le FigaroVox du 13 juillet 2020 : « Écriture inclusive, interdiction de la patrouille de France: la dérive gauchiste de l’écologie lyonnaise ».

(3) En ce sens, voyez cette page du ministère qui depuis 2016 fait la promotion d’un manuel de l’écriture inclusive.