Le statut d’artiste-auteur intrigue autant qu’il dérange ceux qui tentent de le comprendre. Ce statut avec un régime social particulier et une gestion administrative parfois complexe concerne pourtant des dizaines de milliers de créateurs en France. Illustrateurs, écrivains, photographes, compositeurs, designers, auteurs de logiciels et bien d’autres métiers relèvent de ce statut singulier.
Pourtant, son fonctionnement reste méconnu, aussi bien du grand public que de nombreux professionnels eux-mêmes. Quels revenus sont concernés ? Comment s’affilier ? De quelles protections sociales bénéficie l’artiste-auteur ? Quelle fiscalité appliquer ? Nous allons répondre à ces questions d’une manière claire et structurée, afin de rendre ce régime clair et compréhensible facilement.
Table des matières
1. Qu’est-ce que le statut d’artiste-auteur ?

Le statut d’artiste-auteur désigne l’ensemble des professionnels qui créent des oeuvres originales relevant du domaine littéraire, artistique ou intellectuel, et qui tirent de cette création une partie ou la totalité de leurs revenus.
Contrairement à certaines idées reçues, il ne s’agit pas d’une forme juridique, mais d’un régime social et fiscal spécifique, appliqué à des professions créatives.
Les artistes-auteurs sont encadrés par un corpus de règles propres, notamment concernant :
• leur protection sociale,
• leur affiliation à l’Urssaf artistes-auteurs (anciennement MDA/Agessa),
• la nature des revenus imposables,
• la manière de déclarer fiscalement leur activité.
Ce statut vise à reconnaître la spécificité de la création artistique : le travail de l’auteur repose sur l’originalité, la propriété intellectuelle et la perception de droits.
Pour les auteurs qui publient leurs ouvrages via KDP sur Amazon, il est également important de savoir ce qu’il advient de leur compte et de leurs œuvres en cas de décès. Pour en savoir plus, consultez notre article dédié à la gestion d’un compte KDP Amazon après le décès de l’auteur.
2. Qui peut bénéficier de ce régime ?
Le champ des activités artistiques concernées est plus vaste qu’on ne l’imagine. Le statut s’applique notamment aux créateurs des domaines suivants :
2.1. Activités littéraires
• écrivains,
• auteurs de manuels, ouvrages scientifiques ou pédagogiques,
• traducteurs.
2.2. Activités graphiques et plastiques
• peintres,
• illustrateurs,
• dessinateurs,
• designers,
• sculpteurs,
• graphistes auteurs.
2.3. Activités photographiques
• photographes d’art,
• photojournalistes auteurs (selon modalité de diffusion).
2.4. Activités musicales
• compositeurs,
• paroliers.
2.5. Création numérique
• auteurs de logiciels,
• créateurs d’oeuvres multimédia,
• concepteurs d’univers créatifs.
2.6. Audiovisuel
• réalisateurs,
• auteurs de scénarios ou vidéos originales.
2.7. Distinction essentielle
Il est essentiel de distinguer travail de commande exécuté (souvent industriel ou artisanal) et oeuvre originale : seule la seconde relève pleinement du régime artiste-auteur.
3. Les revenus concernés : droits d’auteur et revenus accessoires
Les revenus des artistes-auteurs se divisent en deux catégories principales.
3.1. Les revenus principaux
Ce sont les revenus tirés de l’exploitation de l’oeuvre originale :
• droits d’auteur versés par un éditeur ou une plateforme,
• ventes d’oeuvres originales,
• ventes d’exemplaires limités,
• licences d’exploitation,
• cessions de droits.
Ces revenus constituent le coeur du régime.
3.2. Les revenus accessoires
Pour tenir compte des réalités économiques du secteur, le statut permet aussi la perception de revenus complémentaires liés à l’activité artistique :
• ateliers et interventions artistiques,
• rencontres publiques,
• cours spécifiques liés à la pratique artistique,
• ventes dérivées (dans certaines limites),
• conférences liées à l’oeuvre.
Ces revenus accessoires sont plafonnés et encadrés, mais permettent d’élargir la viabilité économique de la création.
4. Le régime social des artistes-auteurs
Depuis la réforme de 2020, les artistes-auteurs sont rattachés à l’Urssaf artistes-auteurs. Leur protection sociale relève du régime général, comme les salariés, mais selon des modalités particulières.
4.1. Affiliation et cotisations
L’artiste-auteur cotise pour :
• l’assurance maladie,
• la retraite de base,
• la retraite complémentaire (RAAP),
• les allocations familiales,
• la CSG/CRDS.
Les taux sont généralement inférieurs à ceux d’un travailleur indépendant classique, ce qui constitue un avantage notable.
4.2. Prélèvement à la source ou déclaration annuelle
Les revenus artistiques peuvent être :
• précomptés par un diffuseur (éditeur, société, organisme),
• déclarés directement via la déclaration annuelle.
Le choix dépend de la situation et des revenus perçus.
4.3. Les diffuseurs
Toute structure qui rémunère un artiste-auteur (maison d’édition, galerie, média, entreprise) devient « diffuseur » et doit s’acquitter d’une contribution spécifique.
Cela distingue encore davantage ce régime des statuts classiques.
5. La fiscalité du statut artiste-auteur
La fiscalité dépend du type de revenus et du choix du régime.
5.1. Traitements et salaires
Certains artistes-auteurs perçoivent leurs droits sous forme de traitements et salaires, notamment via l’édition ou les sociétés de gestion collective. Ils bénéficient alors d’un abattement forfaitaire.
5.2. Bénéfices Non Commerciaux (BNC)
Beaucoup optent pour le régime BNC, soit :
• le micro-BNC (abattement automatique de 34 %),
• le régime réel (déduction des frais professionnels).
Le choix dépend du niveau d’activité, de la structure des dépenses et de la stratégie comptable.
6. Ressources indispensables pour accompagner votre activité d’artiste-auteur
Exercer en tant qu’artiste-auteur implique bien plus que la seule création. La gestion administrative, juridique, financière et contractuelle est un pilier essentiel de l’activité professionnelle, mais aussi l’un des volets les plus difficiles à appréhender.
Les ouvrages suivants constituent des ressources particulièrement utiles pour structurer votre activité, comprendre vos droits et sécuriser votre cheminement professionnel. Voici une sélection adaptée aux créateurs plasticiens, musiciens, auteurs et artistes multidisciplinaires.
• L’Argent & l’Artiste, d’Amylee et Gilles Thouvenin. Un guide complet pour maîtriser l’administratif, les prix et la gestion d’une activité artistique. Cet ouvrage répond à toutes les questions que se posent les artistes-auteurs au moment de professionnaliser leur activité, par exemple : comment fixer correctement ses prix, comprendre la TVA, les obligations fiscales, les mentions obligatoires sur les factures. Le livre se distingue par une approche pédagogique très accessible et par l’expérience de ses deux auteurs, artistes entrepreneurs et formateurs. Véritable manuel de survie de l’artiste pro, il aide à naviguer sereinement dans les méandres administratifs et financiers. Commander le livre (lien sponsorisé Amazon).
• L’essentiel des droits des musiciens, de Guilaine Robin. Un outil clair pour comprendre le droit d’auteur, les droits voisins et les obligations des artistes musicaux. Ce guide s’adresse aux auteurs-compositeurs, interprètes, producteurs indépendants, organisateurs et diffuseurs de musique. Il répond aux questions clés, par exemple : comment protéger une chanson ou un projet musical, quand et comment s’inscrire à la SACEM, quelles démarches suivre pour publier légalement des reprises, comment gérer les droits d’image pour clips et photos. Le livre contient également des bonus pratiques : modèles de contrats, démarches d’adhésion à la SACEM ou à l’ADAMI, autorisations d’image, et bien d’autres outils destinés aux artistes autonomes. Commander le livre (lien sponsorisé Amazon).
• Droit de la propriété littéraire et artistique, de Michel Dupuis et Laura Nowak. Une synthèse claire et précise des notions juridiques essentielles pour tous les créateurs. Cet ouvrage présente l’ensemble des notions fondamentales du droit de la propriété littéraire et artistique, par exemple : définition de l’œuvre de l’esprit, prérogatives de l’auteur, fonctionnement des droits patrimoniaux et moraux, protection et exploitation des œuvres. Il constitue une excellente porte d’entrée pour comprendre les bases du droit d’auteur, indispensable à tout artiste-auteur souhaitant protéger son travail et connaître ses droits face aux évolutions technologiques et aux nouveaux usages numériques. Commander le livre (lien sponsorisé Amazon).
7. Avantages et limites du statut
Comme tout régime, le statut d’artiste-auteur présente des forces et des contraintes.
7.1. Avantages
• cadre protecteur adapté à la création artistique,
• cotisations sociales allégées,
• possibilité de cumuler revenus artistiques et accessoires,
• adaptation aux cycles économiques irréguliers.
7.2. Limites
• complexité administrative,
• revenu parfois irrégulier,
• obligations déclaratives spécifiques,
• couverture sociale dépendante des déclarations et de la régularité des revenus.
8. Les démarches pour se lancer
Pour accéder au statut, il suffit de percevoir un premier revenu artistique. Toutefois, certaines démarches permettent de sécuriser le cadre d’activité :
• s’inscrire sur le portail artistes-auteurs de l’Urssaf,
• déclarer son activité dans les 90 jours suivants le premier revenu,
• choisir son régime fiscal (micro-BNC, BNC réel ou traitements et salaires),
• conserver ses justificatifs de création et de ventes,
• vérifier sa situation de cotisant au fil de l’année.
Selon le niveau d’activité, il peut être utile de solliciter un expert-comptable spécialisé dans les professions artistiques.
9. Ce que le statut d’artiste-auteur apporte réellement
Le régime artiste-auteur reste l’un des plus singuliers du paysage professionnel français. Adapté aux activités créatives, il permet de bénéficier d’une protection sociale spécifique et de dispositions fiscales pensées pour la création intellectuelle. Malgré sa complexité, il constitue un outil essentiel pour structurer une activité artistique durable. En comprenant ses mécanismes, ses obligations et ses opportunités, chaque créateur peut l’utiliser efficacement pour sécuriser son parcours professionnel.
10. Points à retenir
• Le statut d’artiste-auteur n’est pas une forme juridique mais un régime social et fiscal spécifique.
• Il s’adresse à de nombreuses professions créatives : plasticiens, écrivains, photographes, compositeurs, réalisateurs, auteurs numériques, etc.
• Les revenus concernés comprennent les droits d’auteur et certains revenus accessoires encadrés.
• L’artiste-auteur dépend de l’Urssaf artistes-auteurs pour ses cotisations et sa protection sociale.
• Deux régimes fiscaux principaux existent : traitements et salaires ou BNC (micro-BNC ou réel).
• Les diffuseurs ont des obligations spécifiques lorsqu’ils rémunèrent un artiste-auteur.
• Ce régime offre une couverture sociale avantageuse, mais une complexité administrative non négligeable.
• Les démarches initiales incluent l’inscription à l’Urssaf artistes-auteurs et le choix du régime fiscal.
• Ce statut permet de sécuriser et structurer une activité artistique dans la durée.
11. Lien utile
Pour approfondir votre compréhension du régime d’artiste-auteur et suivre les démarches officielles, visitez le site dédié de l’Urssaf Artistes-Auteurs. Vous y trouverez toutes les informations essentielles : affiliation, déclaration de revenus, cotisations sociales, guide pratique et actualités réglementaires.
