Depuis plusieurs mois, de nombreux articles relayent une inquiétude : les intelligences artificielles génératives seraient vouées à une « dégénérescence » progressive. L’idée est simple : si ces modèles se nourrissent de données produites par d’autres IA, alors la qualité des résultats ne peut que se détériorer au fil du temps. Les répétitions se multiplieraient, la diversité s’appauvrirait, et les erreurs se propageraient dans un cercle vicieux.
À première vue, ce raisonnement semble logique. Pourtant, il est partiellement tronqué. En réalité, cette vision ne prend pas en compte la richesse et la diversité des sources de données, ni les mécanismes d’évolution des usages autour de l’IA.
Nous allons expliquer pourquoi l’idée d’une dégénérescence inéluctable est biaisée, quels facteurs peuvent contrebalancer cette tendance, et pourquoi l’avenir de l’IA générative ne se réduit pas à un appauvrissement automatique.
Table des matières
1. L’argument de la « boucle fermée » des données
Les critiques de l’IA générative avancent souvent le scénario suivant :

• Une première génération de modèles s’entraîne sur des données humaines disponibles sur Internet.
• Ces modèles produisent des textes, images ou vidéos qui, à leur tour, sont diffusés sur le web.
• Les futures IA, entraînées sur ces données déjà générées par des machines, héritent de contenus appauvris, redondants et biaisés.
De là découle l’idée d’un cercle vicieux : plus les IA s’alimentent elles-mêmes, plus elles produiraient un contenu pauvre, jusqu’à une perte de pertinence générale.
C’est un risque réel, mais il ne représente qu’une partie de la réalité.
2. Les discussions privées : une richesse invisible mais capitale
Un point souvent oublié est que des millions de personnes discutent chaque jour avec des IA (chatbots, assistants virtuels, modèles de conversation) sans diffuser publiquement ces échanges sur Internet.

Ces conversations constituent pourtant une source immense de diversité et de réflexion :
• chaque utilisateur pose des questions différentes,
• les contextes varient selon les cultures, les métiers, les langues,
• les réponses de l’IA s’enrichissent de nouvelles formulations et approches.
Même si tout n’est pas utilisé pour l’entraînement, ce flux d’interactions humaines alimente indirectement l’amélioration des modèles et contrebalance la répétition stérile que redoutent certains chercheurs.
3. Les données humaines dominent encore le web
Autre point clé : Internet n’est pas encore saturé par des contenus produits uniquement par des IA.
Les forums de discussion, les réseaux sociaux, les commentaires sous les articles, les vidéos avec transcription, ou encore les débats collaboratifs sont des lieux où l’humain reste la force motrice.
Même si une part des textes en ligne est générée par IA, elle reste souvent marginale, et surtout, elle est fréquemment retravailée, éditée ou corrigée par des humains avant publication.
Cela signifie que les futures générations de modèles continueront de bénéficier d’une base de données riche et nuancée, issue du travail humain.
4. Les créations hybrides : quand humains et IA co-construisent
Un aspect sous-estimé est la collaboration homme-IA.
Dans de nombreux cas, un texte, une image ou un code informatique généré par une IA ne reste pas tel quel :
• un humain corrige, adapte ou complète la production,
• plusieurs versions sont travaillées avant la diffusion publique,
• le produit final est un mélange de réflexion humaine et de génération IA.
Ainsi, même si l’IA a participé, le contenu reste nourri par une démarche humaine, ce qui enrichit au lieu d’appauvrir.
5. Les IA évoluent aussi par leur conception
Il ne faut pas oublier que les modèles d’IA ne se contentent pas de « boire » des données passées. Les concepteurs :
• sélectionnent les sources,
• pondèrent les types de contenus,
• filtrent les duplications,
• introduisent de nouvelles bases de données spécialisées.
Les chercheurs et ingénieurs travaillent activement pour éviter le piège du contenu dégénératif, ce qui réduit le risque d’une dégradation inexorable.
6. Les limites réelles à garder en tête
Bien entendu, il serait naïf de nier totalement le problème.
• Oui, la répétition existe déjà (certains modèles produisent des phrases standardisées).
• Oui, une dépendance trop forte aux données générées par IA peut entraîner une perte de diversité.
• Oui, la qualité des données reste un enjeu central.
Mais ces risques ne sont pas une fatalité, et des mécanismes de correction existent déjà.
7. Des critiques légitimes… mais aussi amplifiées par des détracteurs de l’IA
Il est important de rappeler que les inquiétudes autour de la « dégénérescence » de l’IA générative ne viennent pas uniquement d’analyses rationnelles. Certes, des chercheurs et experts soulèvent de vrais enjeux techniques, mais ces craintes sont aussi amplifiées par certains détracteurs qui vouent une véritable hostilité à l’IA.
Ces individus ou groupes :
• voient l’IA comme une menace pour l’emploi, la créativité ou même la société,
• insistent systématiquement sur les dangers et minimisent les avancées,
• diffusent des discours catastrophistes qui gonflent artificiellement les inquiétudes.
Leur posture s’explique parfois par des raisons économiques (par exemple, certains écrivains rejettent l’usage de l’IA afin de protéger leur propre statut, quitte à limiter les bénéfices potentiels pour les lecteurs et l’accessibilité à la création. Sur ce point, voir notre article sur le rejet de l’IA par une partie du milieu littéraire), idéologiques (rejet de l’automatisation) ou même émotionnelles (peur du changement).
Ainsi, il est essentiel de distinguer :
• les critiques constructives et fondées qui permettent d’améliorer l’IA,
• les discours exagérés motivés davantage par une opposition de principe que par une analyse objective.
En d’autres termes, si certaines craintes sont légitimes et méritent d’être débattues, d’autres sont gonflées artificiellement par une véritable « haine de l’IA », ce qui fausse la perception globale.
8. Comprendre et utiliser l’IA
Pour aller plus loin dans vos réflexions et mieux saisir les enjeux de l’intelligence artificielle, plusieurs ouvrages de référence permettent d’approfondir vos connaissances et de développer une approche plus éclairée :
• Ce sera l’IA générative et moi, de Cécile Dejoux : un guide accessible qui explique comment l’IA transforme nos métiers et comment l’apprivoiser pour en faire une alliée au quotidien. Illustré par des témoignages et des cas concrets, ce livre aide à comprendre, transformer et enrichir son travail grâce à l’IA générative. Voir le livre (lien sponsorisé Amazon).
• L’intelligence artificielle en pratique avec Python, de Hugues Bersini et Ken Hasselmann : un ouvrage pédagogique pour comprendre les bases algorithmiques de l’IA et les mettre en pratique grâce au langage Python. Idéal pour les étudiants, développeurs et curieux souhaitant s’initier à la programmation appliquée à l’IA, avec des cas concrets allant des jeux vidéo aux algorithmes d’optimisation. Voir le livre (lien sponsorisé Amazon).
• Co-intelligence – Vivre et travailler avec l’IA, de Ethan Mollick : un best-seller international qui analyse l’impact de l’IA sur nos vies depuis l’arrivée de ChatGPT. Ce livre explore les usages possibles, les limites, les questions éthiques et les implications futures de l’IA. Préfacé par Luc Julia, co-créateur de Siri, il constitue une lecture incontournable pour comprendre l’avenir de cette révolution technologique. Voir le livre (lien sponsorisé Amazon).
Ces trois ouvrages se complètent : le premier pour transformer son métier, le second pour expérimenter concrètement avec Python, et le troisième pour élargir la réflexion sur la place de l’IA dans nos vies.
9. Pourquoi parler de dégénérescence est trop simpliste
Réduire l’avenir de l’IA générative à une dégénérescence programmée est une vision simpliste.
• Les données humaines continuent de dominer.
• Les interactions privées enrichissent discrètement les modèles.
• Les créations hybrides brouillent la frontière entre machine et humain.
• Les ingénieurs adaptent sans cesse les modèles pour éviter la boucle fermée.
En réalité, l’avenir de l’IA générative sera sans doute un équilibre entre risques d’appauvrissement et nouvelles sources de richesse, mais certainement pas une fatalité.
10. Pourquoi la dégénérescence de l’IA n’est pas une fatalité
Les affirmations selon lesquelles les IA génératives ne peuvent que dégénérer reposent sur un raisonnement partiel. Oui, le risque existe, mais il est contrebalancé par des mécanismes d’enrichissement puissants : interactions humaines, diversité des données, collaborations hybrides.
Plutôt que de céder au catastrophisme, il vaut mieux se demander comment guider l’évolution de l’IA pour préserver et renforcer la qualité des données.
11. Points à retenir
• La peur d’une dégénérescence inévitable de l’IA générative est largement exagérée.
• Les interactions humaines, même privées, enrichissent constamment les modèles.
• Les créations hybrides (humain + IA) maintiennent la diversité et la qualité du contenu.
• Les concepteurs d’IA mettent en place des mécanismes pour limiter la répétition et l’appauvrissement.
• Certaines critiques sont légitimes, d’autres sont amplifiées par des détracteurs idéologiques ou économiques.
• Comprendre et expérimenter l’IA est essentiel pour se faire une opinion éclairée et guider son évolution.
12. Lien utile
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