Airbags Takata : morts, rappels, justice, scandale absolu

Publié le 21 juin 2025,
Mis à jour le 24 juin 2025.

En ce mois de juin 2025, la tragédie frappe de nouveau : une conductrice de 37 ans décède sur l’autoroute à Reims. La cause ? L’explosion de l’airbag de sa Citroën C3, équipé d’un module défectueux signé Takata. Ce n’est pas un cas isolé, mais un nouveau chapitre dans un scandale mondial qui, depuis 2014, soulève des questions cruciales de sécurité, de responsabilité et de transparence dans l’industrie automobile.

Face à ce nouveau drame, le gouvernement français a décidé d’agir. Le ministre des Transports, Philippe Tabarot, a ordonné l’immobilisation immédiate de toutes les Citroën C3 et DS3 concernées par un rappel non encore effectué. Ce “stop drive” est une mesure d’urgence, mais également une reconnaissance de l’ampleur et de la gravité du problème.

Dans les lignes qui suivent, nous allons décrypter les causes profondes de ce scandale, les modèles concernés, les responsabilités en jeu et les conséquences à venir pour les automobilistes et l’industrie.

1. Un accident mortel à Reims : quand l’airbag tue au lieu de protéger

Le 11 juin 2025, une femme est victime d’un accident sur une autoroute à Reims après avoir percuté une glissière de sécurité sur la voie rapide. Lors du choc, l’airbag Takata de sa Citroën C3 explose de manière anormale. Selon le procureur de la République, une pièce métallique projetée par l’airbag est venue se loger dans son larynx. Très grièvement blessée au visage, elle décède deux jours plus tard. Une adolescente de 14 ans, également présente dans le véhicule, vraisemblablement sa fille, a été blessée dans l’accident.

Il s’agit du deuxième décès confirmé en métropole lié à ces airbags.Les autorités avaient déjà recensé 29 incidents Outre-mer ayant causé 11 morts. Le scandale ne touche donc plus uniquement les départements ultramarins : il s’étend désormais à l’ensemble du territoire national, à l’instar d’autres pays.

Cette succession de drames reflète les dangers d’une industrie automobile mondialisée, où Takata, longtemps leader dans la fabrication d’airbags, a diffusé des dispositifs défectueux à l’échelle planétaire, avec des conséquences humaines irréparables.

2. Airbags Takata : un défaut mondial

Le problème des airbags Takata est connu depuis plus d’une décennie. En cause : un gaz propulseur instable, le nitrate d’ammonium, qui se dégrade avec le temps, notamment dans des conditions climatiques chaudes et humides. Le résultat ? Au lieu de se déployer normalement, l’airbag peut exploser violemment, projetant des éclats métalliques à grande vitesse dans l’habitacle.

QR code officiel pour vérifier si votre véhicule est concerné par le rappel des airbags Takata
Scannez ce QR code pour vérifier si votre véhicule est concerné par le rappel des airbags Takata.

Ce défaut a provoqué une crise mondiale. Plus de 100 millions de véhicules ont été rappelés à travers le monde, impliquant de nombreux constructeurs : Honda, Toyota, BMW, Ford, Nissan, et bien sûr Citroën (groupe Stellantis).

Takata, accablée par les scandales et les poursuites, a fait faillite en 2017. Mais les conséquences de ses défauts continuent d’émerger aujourd’hui.

3. Une réponse tardive des constructeurs

Le risque lié aux airbags Takata est connu depuis de nombreuses années, à l’échelle mondiale. Malgré cette ancienneté et la gravité potentielle du danger, plusieurs constructeurs semblent avoir manqué de diligence dans le traitement du problème, n’initiant des campagnes de rappel que tardivement. La rigueur de ces campagnes a également souvent fait défaut, notamment en ce qui concerne la communication proactive auprès des propriétaires et les mesures prises pour garantir leur sécurité effective. Ainsi, il a été possible d’observer des campagnes de rappel sans mesure de stop drive, comme dans le cas de Citroën, qui a lancé en mai 2025 un rappel en concession pour des C3 fabriquées à partir de 2014.

Volant Citroën avec airbag potentiellement défectueux Takata (Image IA)
Reims, Galan, Fort-de-France : les airbags Takata ont transformé des Citroën C3 en pièges mortels

Après le drame de Reims du 17 juin, le gouvernement a souhaité l’immobilisation immédiate des véhicules de type DS3 et C3 équipés d’airbags Takata. Ce même jour, Stellantis, maison-mère de Citroën, a lancé une campagne de rappel en France et en Europe, visant plus de 400 000 Citroën C3 et DS3, dont 82 000 véhicules concernés par cette immobilisation se trouvent sur le territoire national.

4. Quels modèles sont concernés ?

Les véhicules principalement concernés sont :

Citroën C3 Phase 2 (24/09/2008 – 21/02/2017)

DS3 (05/12/2008 – 30/05/2019)

Cependant, il ne s’agit pas uniquement de ces deux modèles :

• Des campagnes de rappel ont été annoncées pour des véhicules fabriqués jusqu’en 2019, soulevant une question essentielle : comment des airbags Takata, dont les défauts sont connus depuis plus de dix ans, peuvent-ils encore équiper des véhicules aussi récents ?

• Le site officiel de Citroën mentionne également d’autres modèles, comme la C-ZERO (concernée par une mesure de type stop drive), la C4, la DS4 ou encore la DS5.

Si vous êtes propriétaire d’un véhicule de la marque Citroën ou DS, vérifiez immédiatement si votre voiture fait l’objet d’un rappel. Vous pouvez le faire :

• sur le site du constructeur,

• sur les plateformes européennes de rappel,

• ou sur le site du ministère de l’Écologie.

5. Une justice en mouvement

Le parquet de Reims a ouvert une enquête pour homicide involontaire, depuis reprise par le parquet de Paris. Ce dernier a élargi le champ des investigations en ouvrant une information judiciaire pour pratiques commerciales trompeuses, tromperie aggravée, non-information des acquéreurs sur une non-conformité portant sur une qualité substantielle du produit, ainsi que mise en danger de la vie d’autrui.

A cette occasion nous apprenons que le parquet de Paris bénéficie de trois désaississement portant sur trois accidents mortels (celui de Reims mais aussi d’autres à Galan et à Fort de France) impliquant tous des airbags Takata et des Citroen C3. Le regroupement de ces affaires entre les mains de la JIRS (Juridiction interrégionale spécialisée) apparaît une bonne chose pour aider à une meilleure qualité de la justice, les faits étant proches.

6. Stellantis, un constructeur dans la tourmente

Le groupe Stellantis, maison-mère de Citroën, Peugeot, Opel et d’autres marques européennes, traverse une crise d’image majeure. Déjà mis en difficulté auprès du public par les nombreux dysfonctionnements du moteur PureTech 1.2, largement documentés depuis plusieurs années(chaîne de distribution fragile, surconsommation d’huile, casses moteur précoces), le constructeur doit aujourd’hui faire face à une nouvelle onde de choc : le scandale des airbags Takata.

Ce problème n’est pas nouveau. Une partie des consommateurs était déjà informée, au fil de campagnes de rappel menées à bas bruit. Mais jusqu’à présent, la question restait cantonnée à des cercles restreints d’usagers concernés, sans réelle prise de conscience généralisée.

Le drame de Reims a brutalement changé la donne. Ce décès tragique, survenu dans des véhicules de grande diffusion, la C3 étant le modèle le plus vendu de Citroën, et d’une marque positionnée comme premium, DS, a mis en lumière le risque mortel associé à ces airbags défectueux. La médiatisation nationale, les déclarations du ministre des Transports, ainsi que l’ouverture d’une information judiciaire à Paris, ont accéléré une prise de conscience publique massive.

Désormais, l’image de Stellantis est atteinte en profondeur. Ce n’est plus seulement la fiabilité de certains moteurs qui est mise en cause, mais la capacité du groupe à assurer la sécurité élémentaire de ses clients, à communiquer avec transparence, et à réagir avec rigueur lorsque des risques sont avérés. Dans ce contexte, la confiance des consommateurs est plus que jamais fragilisée.

À lire aussi : si vous possédez un véhicule équipé du moteur PureTech 1.2, sachez que le choix de l’huile moteur est crucial pour limiter les risques de casse prématurée, notamment liés à la chaîne de distribution ou à la surconsommation d’huile. Découvrez nos conseils pour bien choisir votre huile moteur adaptée au PureTech 1.2 dans cet article complet.

7. Et les autres constructeurs automobiles ?

Si Stellantis, maison-mère de Citroën, est actuellement sous les feux de l’actualité, il ne faut pas perdre de vue que de nombreux autres constructeurs ont également équipé leurs véhicules d’airbags Takata. Toyota, Honda, Nissan, BMW, Ford, Mazda, Subaru, et bien d’autres marques internationales ont toutes été concernées, parfois depuis plus d’une décennie.

Le problème est systémique, car il touche un composant identique ou très proche sur le plan technique : un générateur de gaz à base de nitrate d’ammonium instable, utilisé dans les modules d’airbags du fabricant japonais. Ce composant, à l’origine de l’explosion non maîtrisée des airbags, présente les mêmes risques quel que soit le véhicule ou le constructeur.

Dans ce contexte, il est légitime de s’interroger :

Pourquoi certaines marques imposent un “stop drive” immédiat, alors que d’autres se contentent encore de simples rappels en concession ?

• Pourquoi le traitement diffère-t-il selon la marque alors que le danger est identique ?

Les autorités françaises, comme d’autres en Europe et ailleurs, devraient étendre leurs exigences à l’ensemble des constructeurs concernés, pour éviter que la sécurité des conducteurs ne dépende de la politique interne de tel ou tel groupe automobile. Une approche cohérente et équitable s’impose, d’autant que la vie des usagers ne devrait jamais dépendre d’un logo.

En ce sens, notons que d’autres informations judiciaires ont été ouvertes dans d’autres juridictions et d’autres plaintes ont été déposées visant des véhicules d’autres marques, a précisé le parquet de Paris.

À lire aussi : nous avions déjà alerté par le passé sur des rappels liés aux airbags Takata, concernant notamment des véhicules des marques Peugeot, BMW, Audi ou Toyota. Pour connaître la liste complète des modèles touchés, consultez notre article dédié : Quels véhicules et marques sont rappelés pour des airbags dangereux ?

8. Un tournant décisif des pouvoirs publics

Le gouvernement semble nous avoir entendus. En effet, après la publication de notre article alertant sur la nécessité d’une réponse cohérente face au danger systémique des airbags Takata, le ministère des Transports a annoncé, le 24 juin 2025, un durcissement notable des mesures.

Sans attendre les résultats des expertises en cours, deux décisions fortes ont été prises :

• d’une part, le rappel est désormais généralisé à tous les véhicules équipés d’airbags Takata, quelle que soit la marque ou l’ancienneté du véhicule, y compris en Outre-mer ;

• d’autre part, l’extension du “stop drive” s’applique désormais aux véhicules en Corse et dans les DROM, ainsi qu’à tous les modèles, sur le territoire métropolitain, dotés d’airbags Takata fabriqués jusqu’en 2011.

Ce tournant marque une prise de conscience bienvenue des autorités françaises, qui rejoignent enfin l’exigence d’un traitement équitable et systématique du risque. Résultat : 2,5 millions de véhicules sont désormais concernés, dont 1,7 million placés en “stop drive”, soit une hausse significative de la vigilance.

Ces annonces constituent une avancée majeure pour la sécurité des conducteurs. Reste à s’assurer que les mesures soient effectivement appliquées sur le terrain, dans des délais raisonnables, et sans discrimination selon les marques ou les territoires. Le ministre a affirmé que d’autres mesures pourraient encore suivre. La vigilance reste donc de mise.

9. Sécurité routière : que faire si votre voiture est concernée ?

Vous êtes propriétaire d’un véhicule potentiellement équipé d’un airbag Takata ? Voici les étapes à suivre :

Vérifiez votre numéro de série (VIN) : il figure sur votre carte grise ou en bas du pare-brise.

Identifiez si votre véhicule est concerné par un rappel : contactez votre concessionnaire, ou consultez directement le site du constructeur ou celui du ministère de l’Écologie.

Ne conduisez plus le véhicule si vous êtes concerné par une consigne de “stop drive” et que l’airbag n’a pas encore été remplacé.

Demandez un véhicule de remplacement auprès de la marque. Dans le cas de Stellantis, plusieurs propriétaires nous ont signalé des difficultés à obtenir un véhicule de prêt dans le sud de la France, les véhicules disponibles ayant été prioritairement affectés aux régions du nord, où une campagne de rappel avait débuté avant le drame de Reims.

10. Équipez-vous pour plus de sécurité

En attendant la réparation de votre véhicule, ou simplement par mesure de précaution, il est conseillé de vous équiper d’accessoires de sécurité basiques mais efficaces. Ces équipements peuvent faire toute la différence en cas d’imprévu sur la route :

Trousse de premiers secours HONYAO (200 pièces) : compacte, légère et bien organisée, cette trousse contient l’essentiel pour faire face à une urgence : pansements, compresses, couverture de survie, masque de RCP, etc. Elle est certifiée CE et conçue pour les trajets en voiture, les voyages ou les activités en plein air. Le tout dans une boîte résistante à l’eau et aux chocs. Voir le produit (lien sponsorisé Amazon).

Extincteur à poudre sèche Smartwares (2 kg) : adapté aux feux de classe A, B et C, cet extincteur compact est homologué pour une utilisation en voiture, maison, bateau ou caravane. Il est livré avec un support mural pour une installation pratique. À noter : il doit être remplacé tous les 10 ans pour rester efficace. Voir le produit (lien sponsorisé Amazon).

Gilet de sécurité haute visibilité AYKRM : un gilet réfléchissant avec bandes 360° pour être vu de loin, même de nuit ou par mauvais temps. Il dispose de 7 poches fonctionnelles pour transporter vos papiers, outils ou lampe de poche. Conforme aux normes européennes, il est indispensable en cas d’arrêt d’urgence ou de situation à risque. Voir le produit (lien sponsorisé Amazon).

Ces équipements simples ne remplacent pas une intervention mécanique, mais ils peuvent améliorer votre sécurité et celle de vos passagers dans des situations critiques.

11. Constructeurs automobiles et consommateur : la crise de confiance

Le drame de Reims et l’affaire des airbags Takata ont creusé un fossé de confiance entre les constructeurs automobiles et leurs clients. Ce scandale, mettant en lumière un défaut de sécurité mortel dans des véhicules grand public, s’inscrit malheureusement dans une série de crises qui ont ébranlé durablement l’image du secteur.

Les consommateurs se rappellent encore du dieselgate, qui a révélé les manipulations des émissions polluantes, ou des nombreux dysfonctionnements du moteur Puretech 1.2, qui ont affecté la fiabilité perçue de plusieurs modèles populaires. À cela s’ajoutent des critiques sur une prise en compte insuffisante des attentes réelles des automobilistes, notamment en matière de transition énergétique, avec l’imposition parfois ressentie des véhicules électriques avant que l’infrastructure ou les usages ne soient pleinement adaptés.

Enfin, la montée des prix et la vente de véhicules souvent jugés hors de portée financière pour une large part des consommateurs renforcent ce sentiment de déconnexion entre constructeurs et utilisateurs.

Dans ce contexte, l’affaire Takata souligne l’urgence pour l’industrie automobile de rétablir une relation basée sur la transparence, la rigueur et le respect des attentes de ses clients. La confiance, clé de voûte de toute relation commerciale durable, est aujourd’hui profondément mise à l’épreuve, et certaines marques pourraient disparaître si elles ne se conforment pas à cette nécessité.

12. Points à retenir

L’explosion d’un airbag Takata a causé un nouveau décès en métropole, à Reims en juin 2025.

Plus de 100 millions de véhicules dans le monde ont été rappelés à cause du défaut des airbags Takata.

Le gaz propulseur instable (nitrate d’ammonium) est à l’origine de la défaillance mortelle des airbags.

Plusieurs constructeurs, dont Stellantis, ont tardé à réagir et à mettre en place des mesures efficaces.

Le gouvernement français a ordonné l’immobilisation immédiate des Citroën C3 et DS3 concernées.

Le gouvernement français a ensuite étendu le rappel à tous les véhicules équipés d’airbags Takata, toutes marques confondues, sans attendre les résultats des expertises.

Près de 2,5 millions de véhicules sont concernés, dont 1,7 million placés en “stop drive”, y compris en Outre-mer.

Une enquête judiciaire est en cours, avec des accusations d’homicide involontaire et de tromperie.

Les consommateurs doivent impérativement vérifier si leur véhicule est concerné et suivre les consignes de sécurité sans délai.

Le scandale Takata illustre une crise de confiance persistante entre les constructeurs automobiles et leurs clients, nourrie par d’autres affaires encore non résolues.

13. Liens utiles

Pour savoir si votre véhicule est concerné par une campagne de rappel liée aux airbags Takata, il est essentiel de vérifier son statut en utilisant le numéro de série (VIN). Cette démarche peut vous éviter de graves risques et permet d’agir rapidement si nécessaire.

Voici deux liens fiables à consulter :

• Vérification sur le site de Citroën : entrez votre numéro VIN (disponible sur la carte grise ou en bas du pare-brise) pour savoir si votre véhicule est concerné par une mesure de rappel ou une immobilisation (stop drive) : Citroën – Campagnes de rappel.

Liste officielle des véhicules concernés – Ministère de l’Écologie : ce site gouvernemental recense les marques et modèles concernés par les rappels liés aux airbags Takata. Il fournit également des informations détaillées sur la procédure à suivre : Rappels Takata – Ministère de la Transition écologique.

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